LISTE ROUGE des Espèces menacées
Les informations transmises sur cette page, proviennent de U.I.C.N.France (Union internationale pour la conservation de la nature) , Le Comité français de l’UICN mène des actions pour répondre aux enjeux de la préservation de la biodiversité en France et dans le monde.
Le Comité français de l’UICN est le réseau des organismes et des experts de l’Union internationale pour la conservation de la nature en France.
Le Comité français de l’UICN regroupe actuellement 2 ministères, 7 établissements publics, 6 collectivités locales et 61 organisations non-gouvernementales, ainsi qu’un réseau de plus de 250 experts rassemblés au sein de commissions thématiques et de groupes de travail.
Vous pouvez retrouver tout sur U.I.C.N sur https://uicn.fr
La Liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) constitue l’inventaire mondial le plus complet sur la situation globale des espèces végétales et animales.Ses principaux objectifs sont de hiérarchiser les espèces en fonction de leur risque de disparition, d’offrir un cadre de référence pour surveiller l’évolution de leur situation, de sensibiliser sur l’urgence et l’importance des menaces qui pèsent sur la biodiversité, et de fournir des bases cohérentes pour orienter les politiques publiques et identifier les priorités de conservation.
La Liste rouge mondiale des espèces menacées (Site internet : www.iucnredlist.org) se présente sous la forme d’une base de données en ligne régulièrement actualisée, exposant la situation d’environ 59 500 espèces (version 2011.1) parmi les 1,8 millions d’espèces connues.
L’élaboration de la Liste rouge de l’UICN s’appuie sur une série de critères précis
pour évaluer le risque d’extinction de chaque espèce ou sous-espèce, sur la base
des meilleures connaissances disponibles. Cette méthodologie est issue d’un vaste processus de concertation et de validation, mené durant plusieurs années par les experts de la Commission de sauvegarde des espèces de l’UICN. Elle a par la suite été complétée par la publication de lignes directrices permettant son application à différentes échelles, notamment nationale et régionale.
Au niveau national, la Liste rouge des espèces menacées en France 6 est réalisée
par le Comité français de l’UICN et le Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN), en collaboration avec de nombreuses organisations. Elle se décline en
chapitres taxonomiques (mammifères, plantes vasculaires, crustacés d’eau douce,(rhopalocères…) et géographiques (métropole, Réunion, Guadeloupe, Nouvelle-Calédonie…). Sa réalisation associe les organisations disposant d’une expertise et de données fiables sur le statut de conservation des espèces et repose sur l’expertise de nombreux naturalistes et scientifiques. Cet inventaire de référence contribue à mesurer l’ampleur des enjeux, les progrès accomplis et les défis à relever pour la conservation des espèces en France.
Au niveau des régions administratives de France métropolitaine, de plus en plus
de démarches d’élaboration de Listes rouges régionales voient le jour, destinées à fournir des inventaires des espèces menacées et à guider les politiques régionales de conservation.
Résultats consultables sur : www.uicn.fr/Liste-rouge-France.html
La Liste rouge des espèces menacées constitue un état des lieux visant à dresser un bilan objectif du degré de menace pesant sur les espèces à l’échelle d’un territoire donné. Elle permet de mesurer le risque de disparition d’une région des espèces de la flore, de la fonge et de la faune qui s’y reproduisent en milieu naturel ou qui y sont régulièrement présentes. Selon la méthodologie de l’UICN, chaque espèce ou sous-espèce peut être classée dans l’une des 11 catégories de la Liste rouge en fonction de son risque de disparition de la région considérée (Figure 1).
La Liste rouge des espèces menacées en France Mammifères de France métropolitaine
Une espèce de mammifères sur dix menacée en France métropolitaine : une situation préoccupante mais des progrès encourageants
La Liste rouge des espèces menacées en France, le Muséum national d’Histoire naturelle et le Comité français de l’UICN ont travaillé en partenariat avec la Société française pour l’étude et la protection des mammifères et l’Office national de la chasse et de la faune sauvage.D’après le résultat évaluations, onze espèces de mammifères sur 119 (dix espèces continentales et une marine) sont menacées de disparition du territoire métropolitain.
État des lieux
Sur les 33 espèces de chauve-souris évaluées, sept figurent dans la catégorie “Quasi menacée”, notamment en raison du déclin de leur population, et quatre autres sont menacées d’extinction. C’est le cas du Minioptère de Schreibers, classé “Vulnérable”, et du Rhinolophe de Méhely, “En danger critique”. La situation actuelle de ces espèces est la conséquence de nombreuses menaces : dérangement dû à une fréquentation accrue des principaux gîtes, dégradation de leurs habitats causée par l’urbanisation et raréfaction des proies due à l’utilisation intensive de pesticides.Concernant les cétacés, près de la moitié des espèces a dû être placée dans la catégorie “Données insuffisantes”, en raison du manque de connaissances et de données disponibles.Pourtant, certains de ces mammifères marins pourraient bien être menacés en France, car ils sont affectés par de multiples pressions incluant la pollution sonore due au trafic maritime et aux sonars militaires, les pollutions chimiques, les captures accidentelles liées à l’utilisation de filets maillants et la surpêche affaiblissant leurs ressources alimentaires. Enfin, d’autres espèces autrefois présentes sur le territoire métropolitain en ont aujourd’hui totalement disparu. C’est le cas du Bouquetin des Pyrénées, de la Baleine des basques, et du Phoque moine, disparu des côtes provençales dans les années 30 et de Corse à la fin des années 70. Pour répondre à certaines situations alarmantes, des plans nationaux d’action sont actuellement mis en œuvre en faveur de différentes espèces, comme le Vison d’Europe et le Grand hamster, tous deux “En danger” en France. A cet égard, la Loutre d’Europe et le Bouquetin des Alpes sont de bons exemples de réels progrès obtenus grâce à une action efficace des pouvoirs publics et des associations de protection de la nature. En situation précaire il y a encore quelques décennies, la loutre, aujourd’hui classée en “Préoccupation mineure”, recolonise
progressivement différents secteurs du territoire. Et après avoir quasiment disparu de l’arc alpin français, le Bouquetin des Alpes a désormais repeuplé plusieurs départements.
Malgré la situation encore préoccupante de plusieurs espèces, le résultat des évaluations montre que les actions de conservation entreprises pour les mammifères sur le territoire métropolitain portent leurs fruits (protection réglementaire nationale et européenne, plans nationaux d’action, conservation des habitats naturels…). Ces résultats encourageants incitent à poursuivre les efforts et à renforcer l’action pour continuer à améliorer, dans les années à venir, la situation de ces espèces.
Démarche d’évaluation
Au total, 152 espèces de mammifères, dont 115 continentales et 37 marines, sont recensées sur le territoire métropolitain. Certaines d’entre elles, conformément à la méthodologie de l’UICN, n’ont pas été soumises à l’évaluation (16 continentales et 17 marines) : les espèces non natives introduites en métropole dans la période récente (après l’année 1500), comme l’Ecureuil à ventre rouge et le Cerf sika, et les espèces marginales, comme la Taupe aveugle, ou qui ne sont présentes en métropole que de manière occasionnelle, comme l’Orque. Finalement, 119 espèces de mammifères (99 continentales et
20 marines) ont été passées au crible des critères de la Liste rouge. Vingt-neuf experts ont contribué à la phase préalable de vérification des données et onze d’entre eux ont validé les analyses lors de l’atelier final d’évaluation. Les résultats sont présentés dans la figure ci-dessous. De plus, des évaluations complémentaires ont été réalisées pour certaines sous-espèces continentales et pour certaines populations d’espèces marines.
Le Lynx boréal
Lynx lynx
Le Lynx boréal, le plus grand des félins européens, trouve refuge dans des milieux essentiellement forestiers qui lui sont propices. En France, il a disparu des plaines au Moyen Age et des principaux massifs montagneux au XIXème siècle, en raison de la déforestation, d’une forte pression de chasse et de la raréfaction de ses proies (principalement des ongulés sauvages). Il a ensuite fait sa réapparition dans les Alpes et le Jura, où il est arrivé spontanément à partir de populations suisses réintroduites dans les années 70, et dans le massif des
Vosges grâce à un programme de réintroduction débuté en 1983. Espèce très endurante, le lynx adulte a généralement un domaine vital de 200 à 300 km 2 . Mais cette espèce présente encore une aire de répartition réduite en France, résultat d’une forte fragmentation des ensembles forestiers en raison de l’urbanisation et des espaces cultivés. Cette fragmentation amoindrit notamment les possibilités de dispersion et les échanges d’individus entre les différents noyaux de populations. Les effectifs du lynx restent très faibles sur le
territoire français, inférieurs à 150 adultes. Le trafic routier et ferroviaire est la principale cause de mortalité de l’espèce, touchant surtout les juvéniles. Et en raison de sa prédation occasionnelle sur les moutons, le lynx est victime du
braconnage qui représente encore une menace importante pour sa survie en France.
Le Bouquetin des Alpes
Capra ibex
Espèce endémique européenne des massifs alpins, le Bouquetin des Alpes est un animal sédentaire qui fréquente essentiellement les milieux rocheux. Menacé autrefois par la chasse, il a quasiment disparu du territoire français au XIXème
siècle. Grâce à une réglementation de la chasse dans la réserve royale du Gran Paradiso en Italie, devenue Parc national en 1922, il a fait spontanément son retour dans le massif de la Vanoise, où la création du Parc national en 1963 a permis le maintien de l’espèce, devenue emblématique. La mise en place de territoires protégés et la réalisation de nombreuses opérations de réintroduction dans les Alpes françaises font que le Bouquetin des Alpes est
aujourd’hui présent dans plusieurs départements de l’arc alpin (Haute-Savoie, Savoie, Isère, Drôme, Hautes Alpes, Alpes de Haute-Provence, Alpes Maritimes).
Cependant, cette espèce est encore loin d’occuper tous les milieux propices du massif. Outre une prédation, assez rare, par le loup et le lynx, le Bouquetin des Alpes est sensible à de nombreuses pathologies pouvant affecter la dynamique de ses populations.
LE MARSOUIN COMMUN
Phocoena phocoena
Espèce typiquement côtière, le Marsouin commun a totalement disparu des côtes méditerranéennes françaises et espagnoles à la fin du XIXème siècle. Cependant, il est encore présent en France sur le littoral Atlantique, des côtes de la Mer du Nord au sud du Golfe de Gascogne, mais il reste peu fréquent.
Les côtes du Nord-Pas-de-Calais semblent les plus fréquentées par l’espèce, notamment en hiver et au printemps. Sa situation “Quasi menacée” s’explique par l’existence de nombreuses menaces qui risquent d’engendrer un déclin des
populations dans les années à venir. Le Marsouin commun est en effet fortement touché par les captures accidentelles le long des côtes de la Manche et de l’Atlantique, dues à l’utilisation pour la pêche de filets maillants calés. Il est également très exposé aux polluants, tels que les organochlorés et les métaux
lourds, et au dérangement causé par la pollution sonore. Sa fréquentation des estuaires, zones affectées par la pollution chimique, l’expose tout particulièrement à cette menace.
Le Grand hamster
Cricetus cricetus
Présent autrefois dans toute la plaine d’Alsace, le Grand hamster n’est plus trouvé aujourd’hui que dans une dizaine de communes de la région. L’espèce est inféodée aux milieux de cultures de basse altitude et le développement des
cultures de printemps (maïs notamment) au détriment de cultures d’hiver (blé, orge) ou pluriannuelles (luzerne) est à l’origine de la fragmentation et de la forte régression de son aire de répartition. La situation de l’espèce est désormais
préoccupante en France. Autrefois chassé et classé comme espèce nuisible, le Grand hamster bénéficie aujourd’hui d’une protection réglementaire grâce à l’alerte lancée par des associations de protection de la nature auprès des pouvoirs publics, faisant état de la régression inquiétante de ses populations. Dans ce contexte, un plan de conservation du Grand hamster d’Alsace a été mis
en œuvre durant la période 2000-2004 et un deuxième plan est actuellement en cours (2007-2011). Avec une à deux portées de sept petits par an, des programmes de réintroduction ont été mis en place pour tenter de reconstituer des populations sauvages.
La Grande noctule
Nyctalus lasiopterus
Représentant la plus grande espèce de chauve-souris présente en Europe, la Grande noctule est encore mal connue et très peu observée vivante dans son milieu naturel. Bien qu’elle soit répartie sur une grande moitié sud du pays, elle se révèle aujourd’hui rare en France. Autrefois confondue avec la Noctule commune, plus petite, des mystères demeurent sur son comportement et ses effectifs réels. Une étude espagnole a toutefois montré que la Grande noctule était capable de capturer des oiseaux en plein vol pendant sa période de migration nocturne et de les consommer sans se poser, ce qui en fait la seule chauve-souris européenne dotée de cette aptitude. Étant donné que l’espèce vit dans les cavités des arbres creux, l’altération du milieu et la disparition des boisements mâtures, donc de ses gîtes potentiels, affectent ses populations.
Une gestion appropriée des espaces forestiers est donc indispensable au maintien des populations existantes et à la colonisation d’autres régions par l’espèce.
Le Phoque moine
Monachus monachus
Seul pinnipède de Méditerranée, le Phoque moine a complètement disparu des côtes françaises alors qu’il était présent sur les côtes de Provence jusqu’aux années 30 et en Corse jusqu’en 1976. A l’échelle mondiale, son aire de répartition est largement fragmentée : on ne le retrouve plus qu’en quelques points du pourtour Méditerranéen, de la Mer Noire et de l’Atlantique (Mauritanie et Madère). Cette disparition brutale est le résultat direct du
développement touristique sur les côtes rocheuses et dans les grottes marines et de l’augmentation de la fréquentation sur les plages, qui ont privé le Phoque moine de ses principaux sites de repos et de reproduction. De plus, la pêche excessive a nettement réduit les ressources de l’espèce, dont le régime
alimentaire est essentiellement constitué de poissons. Considéré comme une espèce compétitrice par les pêcheurs, le Phoque moine a également été victime de nombreuses persécutions. A ce jour, la conduite d’une opération de réintroduction en France n’est pas envisagée, car le prélèvement d’individus
dans les dernières colonies existantes dans le monde risquerait de peser sur la viabilité de ces fragiles populations. La seule solution pour favoriser une éventuelle recolonisation naturelle du Phoque moine en France serait de mettre
en place des mesures de protection des derniers habitats encore susceptibles de l’accueillir, pour y limiter les activités touristiques et la fréquentation.
Le Rhinolophe de Méhely
Rhinolophus mehelyi
Espèce typiquement méditerranéenne, le Rhinolophe de Méhely est présent de manière fragmentée en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Extrêmement rare en France, cette espèce était répertoriée dans les années 50 dans les Bouches-du-Rhône, le Gard, l’Hérault et la Corse du sud. La situation critique du Rhinolophe de Méhely s’explique par son aire de répartition extrêmement réduite. Depuis 1963 (année des dernières mentions fiables de l’espèce en France), l’espèce n’a plus été revue ou contactée de façon certaine,
malgré quelques observations possibles. L’espoir de retrouver cette espèce en France demeure faible, mais encore possible en Languedoc-Roussillon notamment. Espèce cavernicole vivant de préférence à proximité des points d’eau, le Rhinolophe de Méhely doit faire face à la dégradation de ses principaux gîtes, due à l’urbanisation et à l’accroissement de la fréquentation sportive du milieu souterrain. De plus, la fermeture des milieux liée à la déprise agricole, entraînant l’évolution des pelouses et des prairies pâturées en landes puis en forêts, provoque la disparition des habitats ouverts qu’il affectionne. Le Rhinolophe de Méhely est donc l’espèce de chauve-souris la plus menacée de France et des prospections ciblées dans les régions favorables apparaissent nécessaires pour statuer sur sa présence actuelle sur le territoire métropolitain.
La Loutre d’Europe
Lutra lutra
Mustélidé semi-aquatique, la Loutre d’Europe est inféodée aux cours d’eau, aux étangs et aux zones humides. Largement répandue en France au XIXème siècle, l’espèce a connu une nette régression (disparition des trois-quarts de son aire de
répartition) et une diminution alarmante de ses effectifs dès le début du XXème siècle. Autrefois pourchassée pour sa fourrure et longtemps considérée comme un redoutable prédateur de poissons, concurrent direct des pêcheurs, l’espèce a fait l’objet de destructions massives, essentiellement par piégeage. De plus, la pollution des cours d’eau et la dégradation des zones humides, principalement liées à l’agriculture intensive, ont largement contribué à son déclin. Au début des années 70, son aire se morcèle et la loutre n’est plus guère présente que sur
la façade atlantique et dans le Massif Central. Partout ailleurs, elle a disparu ou ne subsiste plus qu’à l’état de populations relictuelles.
Ainsi, la mise en place progressive d’une protection légale de l’espèce et la conduite de campagnes de protection par des associations de protection de la nature et des spécialistes ont aujourd’hui permis à la loutre de réoccuper spontanément les réseaux hydrographiques dans la plupart des régions de la
moitié sud du pays. Toutefois, la loutre reste victime du trafic routier et de la
pollution des milieux aquatiques due au rejet de biocides dans l’environnement, cette dernière menace constituant aujourd’hui l’une des plus inquiétantes pour l’espèce. La position de la loutre en fin de réseau alimentaire fait d’elle une espèce vulnérable mais également sentinelle, indicatrice de la richesse piscicole et de l’état de santé des milieux aquatiques.
Le Cachalot
Physeter macrocephalus
Représentant la plus grosse espèce de cétacé à dents,l e Cachalot vit uniquement en haute mer dans les eaux profondes. En France, il est observé dans l’Atlantique (moitié sud du Golfe de Gascogne) et en Méditerranée (Côte d’Azur et Corse).
La situation “Vulnérable” du Cachalot est essentiellement le résultat de l’impact de son exploitation passée, l’espèce ayant subi les ravages de la chasse. Le spermaceti, ou “blanc de baleine”, substance huileuse présente dans sa tête, était
employé comme lubrifiant, et l’ambre gris, concrétion se formant dans ses intestins, était recherché pour la parfumerie. Alors que l’espèce était au bord de l’extinction, sa chasse fut finalement interdite en 1982 par la Commission baleinière internationale.
Les principales menaces pesant aujourd’hui sur le Cachalot sont la pollution du milieu marin (par les PCB et les métaux lourds notamment) et l’ingestion de déchets plastiques et métalliques rejetés dans l’océan. De plus, en Méditerranée occidentale, l’espèce est affectée par des captures accidentelles dues à l’utilisation de filets maillants.